Un soir où Roxane avait décidé de se coucher tôt pour récupérer, je rejoins Marty le vagabond canadien. Sur la petite place sombre et ma foi un peu glauque sur laquelle on partage une bière, Youssef, la quarantaine vient se joindre a nous. On échange boissons contre bouffe et on refait le monde tous les trois. Youssef vit dans la rue aussi et prend du crack, il est déjà assez marqué.

11h30, plus de bière, les dépanneurs (genre d’épicerie) n’ont plus le droit d’en vendre. Youssef connait pourtant un gars près de la rue Sherbrooke qui voudra bien nous en vendre. Par contre, il annonce, ça sera 10 dollars au lieu de 6. Arrivés devant le shop je donne ma participation qu’il refuse ensuite de me rendre une fois ressortit bredouille du magasin… La tension monte, j’entends ma voix qui change. On l’empêche de partir et on prend son sac en otage. “J en ai besoin” insiste-il, ce gars est prêt à se faire briser et perdre ses seules affaires pour 5 pauvres dollars (la drogue c’est mal m’voyez!). Réalisant qu’il va prendre trop cher, il court se réfugier dans un shop d’où il refusera de ressortir.

On décide de le laisser, il a perdu au change. On retrouve les autres au parc Saint Philippe un peu plus tard et on partage cet incroyable trésor qu’est le sac à dos de Youssef. La bouffe est répartie, le pantalon “quasi” neuf (presque pas de trous quoi) et le drap irons a Gael qui se les gèle depuis des nuits et le sac à une autre gamine des rues de Montréal. Quant à moi je garde le passeport. Le réveil va être difficile pour ce gars qui d’un coup est passé du tout au tout… En attendant, voler un voleur c’est tout juste 1000 ans de paradis. Bingo…