Intro


Enfin fini avec cette histoire d'Atlas, force est de constater que je n'aime pas plus ça aujourd'hui qu'à l'école primaire.. Vers le bled de Tantan ça commence à être plus plat. C'est à une vingtaine kilomètres qu'on trouve El Ouatia, petite station balnéaire. En ce moment c'est la basse saison. C'est là, après 3 mois de route, 2500 kilomètre et la moitié du voyage qu'une vraie pause se propose d'une belle façon. Je resterais 3 semaines dans ce village côtier à mener une vie de retraite prématurée et bien heureuse en compagnie de ce qu'on appelle ici un Djinn. Cette escale est vraiment tombée à pic en terme de climat, une grosse dépression s'était étendu au large de l'atlantique... Une vraie opportunité pour se reposer correctement, bien manger et apporter de précieuses amélioration sur Mysty.

Ça gratte...


Je sais qu'il faut que je fasse gaffe, je me suis beaucoup reposé ces derniers temps. Il m'est déjà beaucoup arrivé de brûler toutes mes forces après deux ou trois jours par mauvaise gestion de mon énergie. Il est temps de reprendre un rythme de croisière. Sur cette côte à falaise longée par l'unique route, je découvre des paysages qui me rappellent mes recherches d'itinéraires et les récits d'autres voyageurs... C'est très beau. Jamais été voir celle de ma propre région, en Normandie, mais ça doit être au moins aussi bien, en moins froid certainement. Au jour 1 de la reprise je croise brièvement un couple de vélo, un belgo/marocain et sa chérie chinoise. On ne restera pas ensemble ce jour là, j'ai besoin de tracer un peu la route... Je les laisseraient derrière. Les nuits sur la côte et même à quelque kilomètres dans le terres sont froides. Une dizaine de dégrée et le taux d'humidité y est incroyablement élevé et ce, a partir du couché du soleil. L'une des améliorations dont Mysty à profité pendant ces trois semaines consiste à la création d'un espace isolé en dessous grâce à une bâche et la voile. Ainsi, toujours pas de tente mais presque le même confort sans avoir à dormir séparé de ma fidèle compagne... Même en dormant à coté il m'arrive de me réveiller en panique après un cauchemars où on me l'aurait tirée pendant mon sommeil. Je passe une nuit proche des pêcheurs avec leurs minuscules cabanes en recyclé qui épouse la falaise, presque camouflées. Et une autre proche des militaires, dans des petites maisons en parpaings, ils sont là pour prévenir les trafics de la contrebande et l’immigration vers les îles Canaries. Je retrouve mes deux cyclistes 150 kilomètres plus loin deux jours plus tard donc, par hasard à l'unique station service de la route. On décide de faire les dernières 40 bornes qui nous séparent de Tarfaya ensemble avec un fabuleux vent de dos... Arrivé sur place à la nuit tombée ils commencent à chercher un hôtel. Je propose un deal à Sami pour "biaiser" cette règle de 0 budget logement qui ce soir ,une fois de plus, s'avère bien contraignante : ils payeront ma nuit et je payerais le dîner... Ça marche. Le lendemain matin nos chemins se séparent encore, ils préférerons la route de la côte à la nationale pour rejoindre Laâyoune (cette fois-ci on peut choisir !). Ma décision de continué par les terres est largement influencée par les renseignements que je décroche à droite et à gauche quant à l'état de la voie côtière. Il s'avérera que la moitié de la National 1 (bien que meilleure que l'autre chemin) est dans un état disons... douloureux, surtout quand il s'agit de l'arpenter à roller. Pour ma chance j'ai tout de même le vent avec moi et merci mon Dieu, c'est vraiment pas du luxe. Les voies entre Guelmim (une autre ville plus au Nord) et Laâyoune sera complêtement refaite dans deux ans, on pourra faire la traversée pied nus sans craindre de se rayer les talons. Pour l'heure c'est un peu compliqué, certains tronçon sont neufs et glissent comme sur une piste de vitesse, d'autres me font passer les pires heures de ma vie de patineur... Même équipé en 150mm le grain de la route est tellement épais que ça me détruit les pieds et les genoux. La route est tellement éclatée que je suis plus à l'aise sur les voies en travaux où le sable compacté, bien qu'absorbant beaucoup l'effort reste un moindre mal. J'atteins Laâyoune un peu fatigué de ce tronçon compliqué et tente de laisser passer ce sentiment d'anxiété vis à vis de la continuité de ma route que l'on m'annonce de plus en plus difficile. Pour l'heure je peux à nouveau me détendre, je retrouve de nouveaux amis.

Extrême Omar et la Famille


Omar m'a trouvé sur internet, lui même rider de son état il à vu passer l'histoire du voyage sur la toile et a décidé de m'aider. Ça fait quelques jours que l'on s'écrit à mesure que je me rapproche de sa localité. Il dit pouvoir nous loger, moi et Mysty. On se retrouve à l'entrée de la ville, il me ramène directement à la maison. Une fois la charrette garée je rencontre Mama et 4 des frères d'Omar. C'est une très jolie petite maison où règne une belle atmosphère, malgré l'épisode difficile que traverse Walid, l'un des grands frère, il ne peut pas se lever pour me saluer, son père à ses coté. Il était allé voir une guérisseuse pour soigné de vilaines douleurs à au ventre. La femme lui aurait préconiser un traitement qui lui a fini l'estomac, avec ses dernières forces il était retourné la trouver pour lui demander des comptes, elle lui a alors diagnostiqué une mort imminente en mesurant ses doigts et ses avants bras à l'aide d'une corde pour le dédommager certainement ... Il souffre et semble terrifié. Omar s'est mis au roller il y a seulement 2 ans et il a déjà remporté plusieurs titres nationaux, il fait la fierté de l'association Extrême Laâyoune dont il fait partit. Il n'est pas le seul talent de la petite structure qui du haut de ses 4 années d’existence peut déjà vanté pas mal de belle victoire. Il faut dire qu'ils ont mis le mis le paquet ici, la ville compte 3 skates parc et Najib, le président d’Extrême est le mentor idéal pour ces jeunes en quête d'accomplissement. Mon passage est l'opportunité de mettre un peu la lumière sur leurs activités, la télé locale est dépêchée pour l'occasion. J'aurais jamais pensé pouvoir un jour répondre à une interview en arabe... Non, en fait j'ai juste récité le petit speech que j'ai bien huilé depuis le début du trip, rien de plus. Avec Omar on se fera aussi une session vidéo un matin, on éditera le montage pour son portfolio de rider, ça lui servira certainement.

La bande à Zinzin


On s'était écrit vite fait avec Sami, le cycliste. J'ai su qu'ils avaient essuyé un très mauvais vent avec sa chérie mais qu'ils seraient certainement en ville dans la soirée... Rien de plus. Le premier soir où j'arrive, après avoir salué toute la famille, Omar crève d'envie de me montrer le skate parc. On est en chemin lorsque sur un carrefour, on croise la route des deux voyageurs à vélos tout à fait par hasard. Quelle synchro, quand on sait que Laâyoune compte pas moins de 220 000 âmes ! Ils sont crevés, on prevois de se voir plus longuement demain pour un escapade dans les dunes à la sortie de la ville. Après la visite du skate-parc et la session glisse avec les enfants c'est exactement à ce même carrefour qu'on s'installera pour dîner une belle omelette berbère. Alors qu'on commence tout juste à manger, une moto déboule de nul part et s'arrête juste devant notre table que l'on partage avec des membre d'Extrême Laâyoune. C'est visiblement un voyageur, on dirait un pirate de l'espace sortit tout droit des étoiles, errant entre les galaxies depuis des millénaires... Enthousiaste de rencontrer un autre original je suis déjà debout pour le saluer. Ses yeux sous sa visière et le drapeau déchiré derrière son bolide m'indique qu'il nous vient du pays du soleil levant. Il à bien deux fois mon age, portant sa main vers sa bouche, les doigts tendus et groupés, je réalise qu'il me demande si il peut manger avec nous... Il a faim. S'installe alors à ma gauche un personnage tout à fait extraordinaire... Chen Luang Quan.  Pour faire court, il voyage le monde à moto depuis 15 ans, il a traversé 109 pays et voyage visiblement avec un budget très serré. Son voyage il a décidé de le dédier à la paix entre les Hommes et les peuples. Il porte avec lui un long drap enroulé qui sert à recueillir la paix du monde. Je le connecte directement avec Lorin et Sami, les cyclistes recroisés quelques heures avant au même endroit, elle est aussi chinoise (croyez-moi, ça cours vraiment pas les rues par ici).On se retrouvera donc tous le lendemain devant l'église espagnole. On forme vraiment une équipe de choc... Après nouveau repas partagé avec ce nouveau petit clan qui se forme on part faire un tour dans le désert tous ensemble. La configuration et pour le moins improbable, je trouve ça incroyablement beau et poétique. Je monterais sur la moto avec Chen alors que les cyclistes sont en vélo et Omar sur mes rollers. Je foule, pour la première fois de ma vie, de vraies dunes. C'est un moment tout à fait exceptionnel pour moi. Un instant d'une très grande symbolique, la signature d'un accomplissement, le début d'une nouvelle aire. 

Je suis ici, comme dans mon rêve, comme dans ce vieux rêve... La vie à fini par m'y amener. Entouré d'Omar, Lorin, Sami et Chen je sens, je sais, je suis, nous sommes, exactement, parfaitement.