Heading to NYC

J'y étais un peu préparé mais le fait d’être confronté à la réalité pour de vrai c'est encore autre chose. Le stop aux USA c'est caca, c'est en tout cas ce que je retire de la courte expérience que j'ai eu jusque maintenant... Toutefois, certaines personnes restent (et heureusement pour le moral) super attentionnées et d'une grande aide. J'ai comme exemple ce monsieur d'un certain age, pas très bavard et vraiment froid de prime abord m'amenant jusqu’à hauteur de Hartford, à mi-chemin entre boston et New York. Il commençait à pleuvoir assez fort aux abord de la ville, je pensais pourtant lui avoir expliqué correctement qu'il fallait qu'il me laisse à la périphérie pour que je puisse continuer facilement vers NYC, il va vers le centre ville, il a une idée... Voyons.

Arrivés à la gare routière où il avait en fait prévu de me déposer. Comme pour ce délester de quelque chose, mais peut être plus pour faire passer le flambeau, il me glisse 50 dollars dans la main. Il m'explique très succinctement en voyant que très gêné je refuse, qu'il y a longtemps il se trouvait dans une situation délicate et que sur sa route il a trouvé des gens assez bons pour l'aider. Il me fait promettre d'en faire de même quand j'en aurais la possibilité. Je serais a NYC avant la nuit.


J'ai fais harvard moi Monsieur...

Boston, je suis logé chez Douglas en périphérie de la ville. Il me conseille d'aller faire un tour du côté de ce coin prestigieux... Face à l'un des plus beau bâtiment du complexe, je ne peux résister au désir d'aller voir dedans. Marc, un étudiant Suisse me met en garde, l'entrée est uniquement réservée aux petits "génies" richissimes du campus. MAIS, plutôt amusé par mon histoire me conseille d’essayer la porte de sortie de ce qui s’avère être une cantine... Pas de bol un vigile garde carrément la porte.

Par dépit, je me laisse dériver dans la fille de teen-agers devant l'entrée principale. En effet, ils ont tous une carte magnétique qui est scannée par une petite vielle. Je tente! J'ai rarement fait plus crédible avec mes rollers et mon sac de cours, j'étais encore en nage, je m'approche, désespéré : "J'ai perdu mon ID quelque part dans le parc, je le retrouve pas (important: l'expression du petit français traumatisé et tout perdu), je sais même pas comment je dois faire pour en avoir un autre et j'arrive pas a appeler ma maman...".Lire la suite


Heading to Boston

On annonçait des tornades sur la côte, du côté de Burmington on reçoit les résidus... J'arrive en début de soirée et j'ai droit à l'une des plus belles averses que j'ai jamais vécue. Les marginaux du coin m' indiquent le bar "branché" de la ville, on y joue de la musique live. J'y rencontre Jones et Maicon qui me demandent spontanément si j'ai un endroit pour dormir (j'ai quand même pas l'air d'un clodo hein? Sil te plait!).
Le lendemain, mauvais réveil après beaucoup trop de long island, vrai, c'est du poison les enfants! Du coup, départ 17h pour Boston depuis Burlington... Sur la route un bartender m'offre un ride, il va à Dartmounth, c'est sur la route. Il m'y offrira à boire et à manger dans le bar plutôt chic dans lequel il bosse. Mais Dartmounth c'est aussi la que j'ai découvert que les films ne racontent pas toujours n'importe quoi!
Dans un parc de la ville je croise de jeunes randonneurs, ils ont déjà parcouru 2000 bornes. Ils m'apprennent que les universités américaines sont plutôt utiles, pour nous, modestes voyageurs. Internet, sanitaires, salon, café... et surtout, surtout, les Frat Houses. Enormes et sublimes maisons uniquement réservées à la débauche des jeunes étudiants américains. Je suis venu, j'ai vu... j'ai pas vomis mais j'ai fichtrement bien dormis dans les canap de cet énorme salon qui devait faire la taille de mon deux pièce!


The american border

En parlant de chance, la frontière... Comme prévu, je n'avais rien prévu mais j'y allais, confiant, serein. Je me fait déposer à quelques kilomètres du poste de frontière par une jeune canadienne qui a, elle aussi, fait un sacré détour pour m'aider.

J'arrive aux barrières, pieds nu, bidon fixer au sac, relax quoi... Je suis accueilli par de drôles de cowboys tout de bleu vêtus. "You are not helping your self by doing that", on me fait comprendre après quelques minutes que ça ne va pas être possible. J'ai vraiment fait ça a l'arrache et c'est certainement ce qui a rendu mon histoire plus crédible que si j'avais inventé une histoire bidon. La seule chose qu'il cherchent, c est même pas la drogue ou les armes, c est 'être sûr que je ne vais pas rester squatter après expiration de mon visa. Apparement, le fait que je présente bien aide aussi beaucoup, et après une série de questions interminable, le tampon frappe mon passeport, "okay, take care!". Direction Burlington pour passer la nuit et plus si affinité, petite anxiété, je ne peux dorénavant plus compter sur mon aisance en français.


Etudiants = Bonplans

Dernier soir avec Marthy, il est suppose partir pour l'ouest demain, il rentre retrouver sa moitié. A  nouveau posés dans un petit parc à refaire le monde, on entend un sacré boxon juste derrière. Je pars en éclaireur, c'est une méga house party dans une coloc énorme en centre ville. L'appart et la cours intérieure sont blindés d'étudiants de tout horizons. L'alcool coule à flot et tout le monde est super ouvert en ce jeudi soir de fête. Vers 11h tout commence à se vider, ça va cluber!

Je passe devant Malek en marchant vers la sortie, assise dans un canapé, elle me tend une fraise. Dans ce petit salon improvisé il y a aussi l'un des coloc. Avec Marty on a tout gagné ce soir là en s'y installant pour discuter. Lui dormira sur place, se douchera, mangera. Pour ma part, Malek m'offre un téléphone débloqué pour les US et me propose le logis pour la nuit du lendemain, ça tombe superbement bien, Roxanne part et je ne savais pas encore ou j'allais aller!


Mon passport pour 1000 annees de paradis

Un soir où Roxane avait décidé de se coucher tôt pour récupérer, je rejoins Marty le vagabond canadien. Sur la petite place sombre et ma foi un peu glauque sur laquelle on partage une bière, Youssef, la quarantaine vient se joindre a nous. On échange boissons contre bouffe et on refait le monde tous les trois. Youssef vit dans la rue aussi et prend du crack, il est déjà assez marqué.

11h30, plus de bière, les dépanneurs (genre d'épicerie) n'ont plus le droit d'en vendre. Youssef connait pourtant un gars près de la rue Sherbrooke qui voudra bien nous en vendre. Par contre, il annonce, ça sera 10 dollars au lieu de 6. Arrivés devant le shop je donne ma participation qu'il refuse ensuite de me rendre une fois ressortit bredouille du magasin... La tension monte, j'entends ma voix qui change. On l'empêche de partir et on prend son sac en otage. "J en ai besoin" insiste-il, ce gars est prêt à se faire briser et perdre ses seules affaires pour 5 pauvres dollars (la drogue c'est mal m'voyez!). Réalisant qu'il va prendre trop cher, il court se réfugier dans un shop d'où il refusera de ressortir.

On décide de le laisser, il a perdu au change. On retrouve les autres au parc Saint Philippe un peu plus tard et on partage cet incroyable trésor qu'est le sac à dos de Youssef. La bouffe est répartie, le pantalon "quasi" neuf (presque pas de trous quoi) et le drap irons a Gael qui se les gèle depuis des nuits et le sac à une autre gamine des rues de Montréal. Quant à moi je garde le passeport. Le réveil va être difficile pour ce gars qui d'un coup est passé du tout au tout... En attendant, voler un voleur c'est tout juste 1000 ans de paradis. Bingo...


White mountains

Le lendemain de mon arrivée dans la colloc d'Edith, après une soirée sportivement arrosée, on se retrouve avec d'autres amis d'Edith dans un camping à côté des White Mountain, je passe la frontière américaine sans encombres.

Super moment sur les emplacements autour du feu avec que du beau monde du Canada et des US. Au matin on part pour un trek, 6 heures de marche dans les montagnes, pieds nus, je suis un petit indien... La vue au sommet est à couper le souffle, on l'a bien mérité!

Des gars de Boston faisait partie du groupe, je profite de ce moment de sérénité pour demander un ride, c'est oui, on arriverait a Boston dans la nuit. Sur la descente, Roxane, une amie d'Edith, consciente que je n'avais encore aucun plan sur Boston, me propose de m'héberger une semaine sur Montréal... Je n'hésite pas longtemps, ça sera l'occasion pour moi de vraiment visiter la ville!

 


Hitchhike in Quebec

Le matin du deuxième jour, après une seconde nuit en compagnie de mes nouveaux amis pour le moins attachant, je pars pour Sherbrook où Edith (une amie de JD de Strasbourg) m'attend. La sortie de la ville est difficile, je bénis pour la première fois mes rollers qui me sont en fait carrément indispensables et me permettent de me passer des transports publiques.

Arrivé proche de la périphérie et des entrées d'autoroutes, je tombe sur le pont Victoria qui est en fait infranchissable pour les piétons. Eric, généreux et enthousiaste décide de briser les règles et la routine de son poste de surveillant de pont et m'évite un détour de 5 bornes pour me déposer de l'autre coté de cet énorme pont.

Je reste très agréablement surpris par la gentillesse de ces gens qui n'ont pas hésité à s'arrêter au milieu  d'un tronçon d'autoroute ou même à faire de beaux d'étours pour me montrer des choses ou me poser à bon port.


Sonia

Le matin du premier jour, j'entreprends de trouver une carte SIM, on m'indique la boutique Fido. Cette partie de la rue sainte Catherine a été toute décorée de rose a l'occasion de la gay pride qui s'y était déroulée quelques jours plus tôt.

Les québecois seraient ils donc des lèves tard? La boutique ouvre pour 10h et il n'est que 9h... En face, un bar, une terrasse au soleil, café!! Au comptoir du sombre intérieur en attendant ma commande je suis attiré par la lumière de la télé, elle diffuse un porno gay bien sale, comme ça, de bon matin. Ça doit être une coutume locale, je suis pas là pour juger hein? C'est sur la terrasse que Sonia, très jolie africaine d'une vingtaine d'années, vient m'accoster: "Tu veux prendre un shooter de tequila avec moi? Je te l'offre." Je me dit alors que ça doit être encore une étrange habitude du coin de boire de la tequila à une heure pareille et après une nuit passée dans la rue, la situation est juste incroyable. C est quand même pas tout les jours qu'on se fait draguer et offrir des verres par des jolies filles n'est ce pas? Après c'est peut être juste moi qui n'ai pas de chance, je sais pas pour vous.

Ce n'est qu'au fur et a mesure de la conversation que je réalise que notre chère Sonia a quand même de vachement gros doigts ainsi qu'une pilosité pectoral qui laisse songeur... Toutes les expériences ne sont certainement pas bonnes à prendre, contre toute attente je décline poliment la deuxième tournée.


Super tramp's life

Une fois arrivé à Montréal, je comptais sur l'hospitalité d'une amie rencontrée à Strasbourg, manque de bol je n'ai finalement pas pu compter dessus du tout, préviens à l'avance la prochaine fois tabernacle (ouai c'est moche)!

Je rencontre trois banlieusards sur le "dépose minute", ils sont okay pour me poser à Montréal, dans cette situation, d'après eux, le plus approprié était rue sainte Catherine, super dynamique même de nuit.  Je ne serais pas déçu. C est quelques minutes plus tard que je rencontre Marty  (Mc Fly!), un marginal d'une trentaine d'années venu de BC à l'ouest du canada. Je rencontre ses acolytes et suis tout de suite intégré dans le groupe. Ces gens là vivent dans les rues des villes qu'ils traversent et restent en groupe, côtoyant les SDF locaux mais ne s'y mêlant pas tant. Ils fument, boivent mais aucune de drogues dures, les journées sont bien remplies entre la manche, les rushs pour rejoindre les différents centres sociaux (super glauques) pour des repas gratuits et les moments de détente dans les parcs pour y fabriquer des bagues, cuillères et autres fantaisies en bois. Pendant deux jours et deux nuits je suis initié aux joies de la démerde et du partage montrealien.

 

Qui donc pourrait craindre le bien?